J'imagine votre surprise, des couverts en argent dans un RestauMarché, à la vocation de service rapide, somme toute ,vous n’en vites jamais. Hé bien, pourtant, ils étaient là, chacun bien a sa place.
Mirage? assurément non ! l'épaisseur de leur manche plus particulièrement et l ampleur de leurs ciselures ne pouvait laisser aucun doute.
j'ai beau savoir que les restaurants de ce type occupent le créneau de la restauration rapide, je ne m'attendais pas à trouver en ce lieu un tel éloge des tables que l'on dressait sous l'Ancien Régime.
Une petite étrangeté pourtant, les couverts étaient placés ainsi : couteau, cuillère, fourchette mais peut être après tout était-ce dans cet ordre qu'on les plaçait sous Henri II , j'effectue la datation a la louche.
Pour augmenter encore le plaisir des yeux qui préfigurait assez bien celui qui allait être de la bouche, n'avais-je pas prévu de conclure mon déjeuner par un café gourmand ? les couverts étaient armoriés, oh délices.
Le couteau offrait aux regards un tiercé en barre d’argent, de sinople et de gueules , la cuiller un coupé, d’argent et de gueules, la fourchette à nouveau un tiercé en barre .
Je dis aux émaux différents car, en héraldique, un système différencie de hachures permet de rendre les teintes de tous les émaux, qu ils soient métaux ou couleurs. A titre d‘exemple, le sinople (vert) est évoqué par des hachures allant du coin gauche de l’écu au coin à droite en bas (pour le spectateur) et les gueules (rouge) par des hachures verticales.
J’avais maintenant pris mon dessert, un café en effet bien propre à susciter en mon âme des péchés de gourmandise, puisque le noir breuvage était accompagné de quatre verrines ou coupelles remplies de gâteries aux arômes différents.
La personne qui me servait n’avait pas, avant d’apporter le dessert, desservi les couverts en argent … et pour cause ; notablement agrandis sur les reproductions fixées aux murs, ils trônaient dans sept cadres égayant les murs de mon RestauMarché.