Prix du jury oeucuménique & Grand prix du Festival
Cannes 2010 : Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois
Inspiré librement de la vie des moines cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu'à leur enlèvement en 1996, Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois mêle foi et fureur sur fond de terrorisme islamiste.
Plutôt habile quand il s'agit de faire entrer la lumière dans un espace clos, le cinéaste de N'oublie pas que tu vas mourir se révèle beaucoup plus hésitant pour saisir la psychologie de ces huit moines chrétiens, en proie au doute (doivent-ils quitter leur monastère comme le recommande l'armée ?). La terreur gagne du terrain au fur et à mesure qu'avance le film. La troupe d'acteurs fusionne autour d'un Lambert Wilson ombrageux. « Curieusement, cette fusion qu'ont ressentie les moines, nous l'avons aussi vécue. Nous avons fusionné dans les retraites et fait des chants liturgiques. Le chant a un pouvoir fédérateur », a confié l'acteur lors de la conférence de presse du film.
Scène clé du film : la poignée de mains entre Frère Christian et le chef des terroristes un soir de Noël. Acte hautement symbolique que Xavier Beauvois filme frontalement. Des hommes et des dieux prend alors une tournure de tragédie pour atteindre le martyr final. Tel un Dreyerépris de Pialat, le cinéaste se déchaîne avec une série de travellings mettant en avant le visage de ces moines, sur fond de Lac des cygnes de Tchaïkovski. Magistrale pour certains, grandiloquente pour d'autres. Une chose est sûre : Xavier Beauvois n'a peur de rien. Sauf de Dieu, peut-être.
Origine;