Le premier occupant du fauteuil N °1 fut un personnage éminent : 1. Pierre SÉGUIER. 1588-1672. Entré à l’Académie en 1635. Intendant en Guyenne (1621), puis président à mortier du parlement de Paris (1624), garde des Sceaux (1633), chancelier de France (1635), protecteur de l’Académie française à la mort du cardinal de Richelieu (1642), bibliophile.
L’Académie française fut organisée par le cardinal de Richelieu, Premier Ministre, et fondée officiellement en janvier 1635 par des lettres patentes signées du roi Louis XIII. Ces lettres fixaient le nombre des académiciens à 40 et avaient été scellées par le garde des sceaux Pierre Séguier, le 4 décembre 1634. À cette date, la compagnie ne comptait encore que 35 membres et Séguier, qui appréciait les livres et les gens de lettres, demanda à en devenir membre également, ce qui fut fait le 8 janvier 1635. Vu l’importance de ses fonctions, son nom fut placé en tête de la liste des académiciens et, lors de la numérotation des fauteuils, le fauteuil n° 1 lui fut attribué.
Après la mort de Richelieu, Séguier réunit la compagnie pendant trente ans dans son hôtel particulier et la présida souvent, tout en maintenant un principe d’égalité entre les membres. Il est situé dans l’actuelle rue Jean-Jacques Rousseau, dans le 1er arrondissement de Paris. La Bibliothèque de l’Institut possède de lui une lettre au duc d’Enghien, le félicitant au sujet de la victoire de Rocroi, 1643. En effet : Le 19 mai 1643, à Rocroi, le duc d’Enghien, âgé de 23 ans seulement, anéantit l’infanterie espagnole. Cette victoire retentissante constitua un tournant de la Guerre de trente ans et marqua le retour de la France sur la scène internationale.
Le Chancelier Séguier fut un grand bibliophile et possédait une riche collection d’ouvrages richement reliés. "On connaît le bon mot des contemporains : « Le chancelier Séguier aimait tant les livres qu’il disait souvent que, si on le voulait corrompre, il n ‘y avait qu’à lui donner des livres ». Il est aisé d’en constater la véracité par d’innombrables exemples : un présent d’un bel exemplaire relié facilite les placets, introduit favorablement le donateur ou témoigne de la reconnaissance d’un obligé. En tant que protecteur de l’Académie française, Séguier reçoit en hommage toutes les productions des académiciens, mais aussi celles de ceux qui aspirent à le devenir. Il est alors de bon goût d’offrir un volume à grandes marges sur grand papier que l’on aura confié au relieur attitré du chancelier pour l’offrir sous forme d’un veau ou même d’un maroquin aux armes de Séguier. Mais le plus grand hommage qui soit en ce domaine est de dédier l’œuvre au chancelier et de rappeler dans l’épître préliminaire les faveurs qui vous obligent ou d’évoquer celles que l’on recherche : en quarante ans, Séguier reçoit au moins cent quinze dédicaces, ce qui le place parmi les mécènes les plus favorisés après le roi"
(Yannick Nexon, Histoire des bibliothèques françaises, t. 2, p. 147).
Présentation de documents réalisée par Mireille Pastoureau, directeur de la Bibliothèque de l’Institut Catalogue déchargeable sur le site Internet de la bibliothèque :
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